UN PEUPLEMENT RICHE
Actuellement, vingt deux espèces de chauves-souris sont confirmées en Corse (pour 34 espèces en France continentale) représentant à elles seules plus de la moitié des mammifères sauvages terrestres présents sur l’île. Cette richesse spécifique est la plus importante des îles du bassin occidental de la Méditerranée : la Sardaigne en compte 19, la Sicile 18 et les Baléares 14. Cette diversité ne diffère guère de celle des autres pays du pourtour méditerranéen et son originalité tient au regroupement, dans une entité géographique réduite, d’espèces aux exigences écologiques différentes.
A ce jour, aucun cas d’endémisme n’est signalé bien que plusieurs espèces présentent des particularités morphologiques et/ou écologiques. Spéciation, adaptation ou variation régionale, le sujet reste à approfondir pour de nombreuses espèces insulaires, le Murin de Natterer notamment sera à suivre de près.
UN PEUPLEMENT ORIGINAL
Parmi les nombreuses espèces de chauves-souris présentes en Corse, on remarquera une association d’espèces très originale. En effet, la Corse héberge la plus petite chauve-souris d’Europe, la Pipistrelle commune, mais également la plus grande et la plus rare, la Grande Noctule !… De même, la Corse est la seule région française où l’on rencontre le Murin du Maghreb, une espèce cavernicole nouvellement décrite en 2000 (Castella et al., 2000 ; Beuneux, 2004).
Les chauves-souris en Corse : des espèces menacées Bien que discrètes et très utiles, les chauves-souris n’en demeurent pourtant pas moins fortement menacées. Ce constat n’est pas propre à la Corse mais s’étend à l’ensemble du territoire national. Les causes de ce déclin sont aujourd’hui clairement identifiées. La destruction des gîtes (abandon du bâti rural, fermetures définitives des galeries de mines, abattage des arbres morts à cavités…), la modification progressive des paysages (incendies répétés, pollution des cours d’eau, fermeture des milieux…) et les destructions volontaires (tir au fusil, destruction au bâton, enfumage des colonies…) réduisent insidieusement chaque jour un peu plus les territoires de chasse et les possibilités de gîtes des espèces. Ce phénomène est d’autant plus pernicieux qu’il porte sur des animaux dont le taux de renouvellement est très faible (un seul petit par an par femelle).
En Corse, la déprise agricole et la désertification de l’intérieur témoignent d’un processus en cours, signant le début d’un déséquilibre naturel aux conséquences difficilement appréhendables. Ce phénomène intéresse malheureusement l’ensemble des espèces de chauves-souris présentes en Corse et se généralise à l’Europe tout entière. Déjà en 1986, Noblet constate une régression notable des effectifs pour au moins cinq espèces (le Rhinolophe euryale, le Grand Murin, le Minioptère de Schreibers, la Sérotine commune et le Murin de Capaccini) comparant les observations faites par Kahmann, trente ans auparavant (1956) dans les mêmes gîtes. Aujourd’hui, plus de quinze années après les travaux de Noblet, le constat est identique : la situation globale demeure préoccupante.
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