Lors des diverses confrontations des chauves-souris de Corse au regard de chiroptérologues continentaux, ou lorsque les membres du GCC ont pu eux-mêmes établir des comparaisons en observant celles de Sardaigne ou du Continent, sont apparues des divergences morphologiques ou écologiques pour certaines espèces. Celles qui paraissaient alors présenter le plus fort potentiel d’endémicité étaient essentiellement le Murin à moustaches et, dans une moindre mesure, le Murin à oreilles échancrées.

Les études de Sébastien Puechmaille sur la diversité des Myotis « de type Natterer » nous ont amené, encouragés en cela par Yann Le Bris, à envoyer innocemment quelques échantillons de « nos » Natterer, ajoutant ainsi un peu de complexité à l’affaire puisqu’un Natterer « type C » apparaissait alors en analysant l’ADN mitochondrial.

Mis en appétit par ces résultats prometteurs, il convenait alors de jeter un oeil plus attentif à cette espèce, rare en Corse (une seule colonie de reproduction connue à ce jour) afin de chercher à en définir le statut taxonomique.

Un partenariat avec l’Office de l’Environnement de la Corse nous a permis de réaliser quelques prélèvements de peau sur une trentaine d’individus et d’en faire analyser l’ADN nucléaire par le laboratoire de Sébastien Puechmaille, jusqu’au résultat tant attendu : le Murin de Natterer de Corse présente une divergence génétique qui nécessite une révision taxonomique… Une chauve-souris endémique à la Corse donc, affaire à suivre…

Le Murin à moustaches quant à lui diverge également des populations continentales mais son isolement est plus récent et sa spéciation moins marquée.

Photo : portrait d’un Murin de Natterer « made in Corse » par Y Le Bris