Programme « Agri-chiros »

Les chauves-souris sont toutes insectivores en France, elles sont capables de manger entre 1500 et 3000 insectes par nuit. On retrouve de nombreuses espèces de chauve-souris dans nos campagnes. En effet, au cours du temps, certaines chauves-souris se sont bien adaptées au milieu rural. Elles trouvent refuge dans du bâti agricole type vieilles granges, hangars, paillers ou encore les caves viticoles abandonnées, nombreuses en Corse ! Les chauves-souris bien adaptées au milieu rural sortent la nuit pour chasser dans les habitats que leur offre la campagne, c’est-à-dire les prairies, les cultures, les bosquets forestiers, les pâtures, les mares bocagères et les haies. 

Aux Etats-Unis, la contribution des chauves-souris à la régulation des insectes ravageurs a été jugée équivalente à une économie moyenne de 22,9 milliards de dollars sur ces dépenses en pesticides agricoles [1]. Une étude en Espagne estime par ailleurs une économie de 21 euros/ha/ agriculteur [2] suite à une réduction d’utilisation de pesticides dans des rizicultures en raison de la présence croissante de chauves-souris. Une étude au Chili a montré que la présence de chauve-souris dans des vignobles pouvait augmenter de 7% le rendement des vignes [3]. Bien que cela soit difficilement comparable à la Corse, on sait aujourd’hui que les chauves-souris consomment des ravageurs de culture type vers de la grappe [4], mouche de l’olive [5], tordeuses ou encore les carpocapses causant des dégâts dans les vergers et vignobles français [6]. Ces ravageurs sont aussi présents en Corse, de ce fait, la cohabitation homme/chauves-souris a tout son sens dans le domaine agricole en Corse pour réduire.

Depuis 2023, le programme « Agris-chiros » financé par le Fonds vert, le GIAC, l’IGP île de beauté et Groupama, a été initié par le Groupe Chiroptères Corse. L’objectif de ce projet est d’accompagner les agriculteurs dans la mise en place d’actions favorables au maintien des chauves-souris sur les exploitations. Ce projet a pu voir le jour notamment grâce aux agriculteurs et particulièrement aux vignerons corses.

Les objectifs de ce projet sont dans un premier temps de former les agriculteurs aux chauves-souris en les informant sur leurs écologies, leurs besoins biologiques et leurs rôles en tant qu’auxiliaires de cultures. Pour cela, des formations sont réalisées par le GCC auprès de groupements agricoles sur tout le territoire Corse.

Dans un second temps, le GCC propose de réaliser des diagnostics chiroptérologiques. Cela consiste à évaluer la qualité du domaine en termes d’accueil favorable aux chiroptères. Par la suite, des mesures de gestion adaptée sont proposées en fonction du contexte environnemental et des caractéristiques de l’exploitation (création d’une mare, plantation de haies, restauration de bâti, …). 

Pour réaliser ces diagnostics, plusieurs méthodes sont déployées. Nous évaluons la qualité paysagère avec un protocole établi en amont et nous recherchons la présence de chauves-souris par l’observation directe d’individus ou d’indice de présence. Des sessions de radiotracking sont aussi réalisées, consistant  à localiser des chauves-souris préalablement équipées d’émetteur dans leur gîte. Grâce à cette technique, de nouvelles colonies pourraient être localisées à proximité des domaines.

L’enjeu du  projet est  d’améliorer la prise en compte des chauves-souris dans le milieu agricole en veillant à leur conservation et faire prendre conscience qu’il est possible d’allier chauves-souris et activité économique. 

Références

[1]  Boyles, J. G.; Cryan, P. M.; McCracken, G. F.; Kunz, T. H. (2011). Economic Importance of Bats in Agriculture. Science, 332(6025), 41–42.         

[2] Puig-Montserrat, Xavier; Torre, Ignasi; López-Baucells, Adrià; Guerrieri, Emilio; Monti, Maurilia M.; Ràfols-García, Ruth; Ferrer, Xavier; Gisbert, David; Flaquer, Carles (2015). Pest control service provided by bats in Mediterranean rice paddies: linking agroecosystems structure to ecological functions. Mammalian Biology – Zeitschrift für Säugetierkunde, 80(3), 237–245.       

[3] Rodríguez-San Pedro, Annia; Allendes, Juan Luis; Beltrán, Clemente A.; Chaperon, Pascal N.; Saldarriaga-Córdoba, Mónica M.; Silva, Andrea X.; Grez, Audrey A. (2020). Quantifying ecological and economic value of pest control services provided by bats in a vineyard landscape of central Chile. Agriculture, Ecosystems & Environment, 302(), 107063–.           

[4] Charbonnier, Yohan; Papura, Daciana; Touzot, Olivier; Rhouy, Noriane; Sentenac, Gilles; Rusch, Adrien (2021). Pest control services provided by bats in vineyard landscapes. Agriculture, Ecosystems & Environment, 306(), 107207–.         

[5] Puig-Montserrat, X., Mas, M., Flaquer, C., Tuneu-Corral, C., & López-Baucells, A. (2021). Benefits of organic olive farming for the conservation of gleaning bats. Agriculture, Ecosystems & Environment, 313, 107361.

[6] ]Boreau de Roincé, C. (2012). Implication des prédateurs dans le contrôle de certains ravageurs du pommier.Thèse conduite au CTIFL

Les partenaires financiers

 

Le Fonds verts Fonds verts

Le Groupement Intersyndical des AOC de Corse et IGP Ile de beauté GIAC et IGP

Groupama