Vous pouvez agir : la plupart des chauves-souris de Corse s’adaptent volontiers aux constructions humaines. Pour avoir l’occasion de les regarder de plus près ou tout simplement pour qu’elles vous débarrassent des insectes, accueillez-les chez vous! Vous n’avez pas de cave, vide sanitaire, grenier ou comble disponible? Qu’à cela ne tienne, il suffit d’un interstice d’un demi centimètre pour que des Pipistrelles puissent s’installer sous votre toiture, d’un volet ouvert contre le mur pour héberger quelques individus de passage ou une colonie de Vespères de Savi, Sérotines, Molosses ou pourquoi pas le rare Murin à Moustaches? Et qui sait si les arbres du jardin n’accueillent pas un Oreillard ou une Barbastelle?
Les 22 espèces de chauves-souris de Corse ne sont pas menacées de la même façon en fonction du type de milieu dans lequel elles s’abritent (cavités, gîtes arboricoles, fissures diverses, habitations…) mais aussi en fonction des habitats dans lesquels elles chassent. Ainsi, la bien nommée Pipistrelle Commune, capable de s’immiscer dans des trous de la taille d’un pouce, trouve assez aisément un gîte à sa convenance, que ce soit sous des tuiles un peu disjointes, dans des linteaux, ou des volets roulants… et c’est une grande opportuniste quant aux milieux qu’elle fréquente pour aller chasser. A contrario, une espèce strictement cavernicole comme le Minioptère de Schreibers sera particulièrement tributaire de la présence de conditions de température et d’humidité adéquates dans les rares grottes de Corse. Quant au Petit Rhinolophe, son vol lent le rend vulnérable aux prédateurs, c’est pourquoi il évite les milieux dégagés ou éclairés et qu’il est très sensible à la dégradation des habitats et à l’urbanisation.
Plusieurs problématiques donc, et une multitude d’outils de protection qui font que l’on s’y perd un peu parfois (Arrêtés de Protection de Biotope, sites Natura 2000, ZNIEFF, Réserves Naturelles, SCAP, Liste rouge de l’UICN…). Les gîtes des espèces cavernicoles sont les premiers à avoir été protégés de par les faibles enjeux impliqués, en ce qui concerne les cavités naturelles tout au moins. En effet, pour ce qui est des anciennes galeries de mine, les exigences de mise en sécurité par les organismes de l’Etat sont rarement compatibles avec les intérêts des chiroptères et des études sont réalisées au cas par cas afin de conserver un accès aux chauves-souris. Carte des sites protégés
Un important travail sur les espèces forestières est en cours et apporte tous les ans de nouvelles connaissances sur les arbres-gîtes. En 2014, on dépasse les 100 arbres abritant des colonies de 6 espèces de chauves-souris, dont la très rare Grande Noctule. Des préconisations sont ainsi apportées aux organismes gestionnaires des forêts (ONF, CRPF…) afin de préserver des sites favorables à l’accueil de ces mammifères menacés.