Les chauves-souris sont des espèces sensibles à l’état de leur habitat, elles sont dites « bioindicatrices » de la qualité de leur environnement. Un lien étroit entre ripisylve et chiroptères existe et la préservation de ces milieux est essentielle pour le déroulement du cycle de vie de l’ensemble des espèces.
Depuis ces dernières années, le GCC constate une forte érosion des populations de chauves-souris à l’échelle de la Corse. Les chauves-souris ont des difficultés à rejoindre leur zone de gîtes et leur zone de nourrissage (notamment lié à la dégradation des gîtes, des sites de nourrissage ou des couloirs de déplacement par la fragmentation des habitats, les risques liées aux collisions au aux constructions, et par la pollution lumineuse).
A titre d’exemple, le Murin de Capaccini, espèce typiquement méditerranéenne, présente une affinité très marquée vis à vis des milieux aquatiques et des ripisylves lors de leur activité nocturne : elles gîtent à l’extérieur du réseau hydrographique mais utilisent ce dernier pour se déplacer et se nourrir. Elle parcourt ainsi les rivières, fleuves et étendues d’eau, dans lesquels elle glane les nombreux insectes aquatiques (chironomidés, trichoptères et lépidoptères).
Cette espèce rare figure dans la liste rouge des espèces menacées : elle est considérée comme Vulnérable (VU) en France et en Europe et En danger (EN) sur le territoire corse.
En 2011, le Murin de Capaccini était présent dans 5 gîtes majeurs de reproduction dont 4 situés en Haute-Corse. Malgré la mise en place de protection réglementaire forte (Arrêtés de Protection de Biotope) et de protection physique adaptée sur la plupart des gîtes concernés, les populations ne cessent de régresser.
Les suivis annuels des colonies majeures de Murin de Capaccini réalisés par le Groupe Chiroptères Corse dans le cadre du programme régional d’étude des chiroptères en Corse permettent de révéler une perte de presque 40% de la population de cette espèce sur l’île en seulement 10 ans !
En 2022, le Groupe Chiroptères Corse a concrétisé un partenariat avec l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse ainsi que l’Office de l’Environnement de la Corse afin d’identifier les zones de déplacements des chauves-souris sur deux secteurs à enjeux :
Une démarche de trame verte, bleue, turquoise et noire a pour objectif d’identifier puis restaurer les continuités écologiques réellement utilisées par les chiroptères, afin de pouvoir, sur le long terme les protéger et les intégrer aux politiques de gestion des territoires.
Cette trame est un ensemble des éléments de l’espace qui prend en compte le niveau d’obscurité du paysage, il est composé de :
Une Trame verte pour les continuités écologiques terrestres (milieu forestier, haies, milieu agricole, milieu de maquis, alignement d’arbres)
Une Trame bleue pour les continuités écologiques aquatique (bords de cours d’eau, les cours d’eau en eux même, zone humide)
La trame turquoise constitue un réseau qui englobe la trame bleue et une partie de la trame verte en interaction forte avec la trame bleue. Utilisant aussi bien les espaces terrestres qu’aquatique, les chauves-souris sont des espèces indicatrices de la trame turquoise.
Ces milieux permettent d’assurer les fonctions du cycle de vie des chauves-souris (déplacement, reproduction, alimentation, de repos) afin qu’elles puissent vivre en interaction entre elles et avec le milieu.
Le Groupe Chiroptères Corse a pour vocation :
L’objectif final est de limiter l’isolement des populations et de permettre la libre circulation des espèces sur le territoire tout en conciliant l’utilisation de ce dernier.
Découvrez notre film sur le projet Trames réalisé par des étudiants de l’IUT de Corte !
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